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Transition écologique difficile

Pourquoi est-il si difficile de faire sa transition écologique ?

Là où certains parlent de leur transition écologique individuelle en termes de « zéro déchet facile », « sauver la planète sans se prendre la tête », « réussir sa transition écologique sans prise de tête », « choses faciles à mettre en place », je préfère être franche : faire sa transition écologique, ce n’est pas facile. Cela peut demander de gros efforts d’adaptation. Tout dépend d’où l’on part ! Si pour vous, l’écologie se résume à trier pour le recyclage, alors autant vous le dire tout de suite : le cheminement risque d’être difficile… Difficile, certes, mais pas impossible, et vraiment à la portée de beaucoup d’entre nous.

Il est vrai que lorsque l’on a bien avancé dans sa transition écolo, on trouve que notre mode de vie n’est pas si compliqué que ça, loin des « sacrifices » évoqués par ceux qui se refusent à tout effort vis-à-vis de la planète. Mais pour en arriver à un certain confort dans son nouveau mode de vie plus sobre, il faut parfois passer par un cheminement, plus ou moins long : ce n’est pas pour rien que l’on parle de transition.

Mais au fait, qu’est-ce qui est si difficile que ça dans la transition écologique à l’échelle individuelle ? Pour le savoir, j’ai interviewé plusieurs personnes de mon entourage et fait un petit sondage sur notre page Facebook.

Voici donc les problématiques qui sont le plus ressorties dans mon enquête, et quelques conseils pour chacune :

Numéro 1 : Prendre de nouvelles habitudes

C’est la problématique citée spontanément par la plupart des personnes interrogées, et celle qui a reçu le plus de votes au sondage Facebook ! Et en effet, je peux confirmer que la prise de nouvelles habitudes, en particulier pour les courses en vrac, la cuisine au quotidien et les achats d’occasion avant les achats neufs, a été le point le plus marquant du début de ma transition écologique.

Il est vrai que si nous sommes depuis des années habitués à vivre d’une certaine manière, embarqués dans nos routines quotidiennes (travail ou études, famille, loisirs, tâches ménagères), démarrer et poursuivre sa transition écologique implique de remettre en question ces habitudes et parfois de les bousculer.

La transition écologique, cela dépasse les simples gestes écolo comme éteindre la lumière en sortant d’une pièce. C’est une démarche globale qui va parfois jusqu’à remettre en question des pans entiers de nos vies !

Conseils de la Famille Verte :

  1. Ne prenez pas votre projet de transition écologique à la légère ! Comme tout projet, cela vous demandera de la documentation, de l’organisation matérielle, parfois même de la planification. Évitez donc de vous lancer dans la remise en question de tout votre mode de vie si vous êtes dans une période de gros changements (travail, déménagement, etc), cela risquerait de vous compliquer la tâche et de vous décourager… En revanche, certaines situations de vie comme la préparation de l’arrivée d’un enfant sont propices à un démarrage ou un approfondissement de sa transition écologique.
  2. Si vous commencez par la démarche zéro déchet, comptez 3 mois pour mettre en place votre système et l’intégrer à votre quotidien, et 3 mois supplémentaires pour ancrer naturellement cela dans votre mode de vie. C’est à peu près le temps qu’il fallu à La Famille Verte pour automatiser le nouveau fonctionnement en mode zéro déchet.

Numéro 2 : Embarquer sa famille dans l’aventure

Vous pestez de retrouver du papier dans la poubelle de déchets ménagers ? Vous râlez après votre ado qui abuse de l’eau de la douche ? Votre conjoint s’acharne à se suréquiper en objets numériques ? Ou votre partenaire continue à remplir son dressing de vêtements neufs ?

Vous n’êtes pas les seuls à peiner à embarquer votre entourage dans l’aventure de la transition écologique. Ils ont beau être informés de la situation environnementale, ils refusent de changer. Ou alors, bien qu’intéressés par votre démarche, ils l’oublient à la première difficulté ou contrainte. Parfois, ils se fichent complètement de ce que vous entreprenez en matière de transition écologique. Quant aux enfants, ils préfèrent réagir au principe de plaisir immédiat plutôt que se priver de cette babiole en plastique proposée à la fête du village.

Nous avons ici affaire à des cas de résistance au changement, laquelle peut avoir lieu pour de multiples raisons qui varient selon les personnes. Si vous êtes le ou la gestionnaire principale du foyer, vous pouvez mettre en œuvre beaucoup de changements, mais il risque (c’est même sûr) d’y avoir des disgressions ! Comment s’en sortir, alors ?

Conseils de la Famille Verte :

  1. Si vous le pouvez, habituez dès le plus âge vos enfants à un mode de vie plus respectueux de l’environnement. Montrez-leur des livres qui expliquent la situation et donnent des pistes pratiques. C’est ce qui est arrivé chez nous, et cela facilite grandement la démarche ! Ils comprennent pourquoi on privilégie les jouets d’occasion (mais nous n’avons pas non plus fait de cela un dogme !), participent aux courses en vrac et savent (à peu près) gérer leurs déchets.
  2. Soyez patient, soyez un exemple ! Vous ne pourrez pas forcer les membres de votre famille à adopter votre mode de vie s’ils ne le souhaitent pas. Par contre, vous pouvez leur montrer comment vous faites et leur suggérer des pistes d’action (sans les obliger). Soyez clair sur les raisons de vos choix de vie, mais sans juger celui qui ne fait pas comme vous. Pour certaines actions comme les courses, si c’est vous qui les gérez, c’est déjà ça de gagné car vous pourrez les faire selon vos choix !

Numéro 3 : Trouver le temps de s’y mettre

Cela n’est pas une difficulté pour les personnes que j’ai interviewées, mais ce paramètre est tout de même ressorti dans le sondage Facebook. Il est vrai que s’engager dans la transition écologique demande du temps : pour se documenter et comprendre les enjeux et alternatives, pour modifier ses habitudes, pour faire ses courses différemment. Dans mon expérience personnelle, c’est le temps passé en cuisine qui a été multiplié par trois. Trouver des alternatives au neuf peut également facilement devenir chronophage ! Ceux qui peuvent troquer leur voiture contre les transports en commun, la marche ou le vélo, ont forcément constaté que là aussi, cela prend plus de temps.

Cependant, à moins d’habiter une grande métropole et d’avoir un métier qui mange la totalité de ses journées, avec les transports, le temps n’est pas une contrainte insurmontable.

Conseils de La Famille Verte :

  1. Apportez des changements progressivement pour ne pas vous cramer… ce serait dommage de faire un burn-out écologique !
  2. Voyez où vous pouvez gagner du temps, et transférer ce temps gagné à votre transition écologique. Si vous utilisez les transports en commun, ce temps peut être idéal pour vous documenter sur l’écologie (podcasts, articles, livres), ou chercher des astuces pratiques pour une alimentation plus saine et écologique, par exemple. Si vous avez tendance à perdre des heures sur YouTube ou sur les réseaux sociaux, déconnectez-vous et avancez-vous en cuisine. C’est fou tout ce temps qui peut se libérer quand on coupe internet… Si vous trouvez trop long de faire la queue au supermarché ou de chercher les produits dans les rayons, essayez vos courses dans une petite épicerie locale de vrac : le remplissage de contenants est bien plus agréable que la recherche de produits au travers des rayons ou l’attente à la caisse devant les paquets de chewing-gums et le dernier numéro de People Cuisine magasine !

Numéro 4 : L’accès aux alternatives

Le contenu de cette problématique est plus hétérogène et dépend des personnes interrogées. Deux de mes amies ont par exemple évoqué la difficulté à accéder à des alternatives au niveau de l’habillement. Il est par exemple délicat d’acheter des chaussures d’occasion : soit par manque de choix, soit pour des problèmes d’adaptation de la chaussure au pied de la personne qui l’a porté, ou même pour des questions d’hygiène. À défaut d’occasion, on regarde vers les alternatives écologiques : baskets en laine recyclée, production locale, etc. Là aussi, le choix est restreint, et le prix bien souvent rébarbatif. Comment donc trouver des alternatives écologiques pour procurer à son ado des baskets qui lui plaisent, à un prix abordable ?

Une autre amie m’a indiqué sa difficulté pour l’achat dans son lieu de courses habituel des ingrédients permettant de fabriquer ses produits, en particulier cosmétiques. En effet, si le vinaigre blanc et le bicarbonate se trouvent facilement même en grande surface, il n’en est pas de même pour l’oxyde de zinc du déo, ou la glycérine végétale du dentifrice. Il y a la solution « internet », qui a tout de même des défauts liés à la livraison à domicile (déchets d’emballages, transports). En revanche, les petits magasins type Biocoop ou épicerie bio locale proposent de plus en plus ce genre d’ingrédients, mais il est en effet dommage de s’y rendre uniquement pour deux ou trois achats, car cela multiplie les lieux de courses.

Conseils de la Famille Verte :

  1. Ne focalisez pas sur un détail (les chaussures ou la fabrication maison du dentifrice) qui risquerait de vous faire perdre votre temps et votre énergie. Commencez par faire des changements à fort impact, comme laisser tomber la voiture ou adopter une alimentation locale, de saison et bio ou équivalent. Ensuite seulement, ajustez les détails comme remplacer le rouge à lèvres à base de pétrole que vous utilisez 3 fois par an par une alternative plus naturelle. Si vous vous demandez quels sont les gestes écologiques les plus efficaces pour commencer, je vous recommande cet article de YouMatter.
  2. Si une alternative n’existe pas, contribuez, même à petite échelle, à la développer. Nous ne sommes pas tous des entrepreneurs porteurs de projets pour l’écologie, mais nous pouvons tous discuter avec nos commerçants, écrire à nos supermarchés ou aux marques que l’on apprécie pour leur faire des propositions concrètes d’évolution.

D’autres difficultés dans la transition écologique

Également évoqué, le fait de résister à la culture de la société de consommation. Ceci est à rapprocher du changement d’habitudes, puisqu’une fois nos courses et modes de consommation complètement réorganisés, nous sommes moins sensibles aux appels publicitaires. Ceux-ci peuvent même paraitre totalement extravagants et d’un autre temps ! Pour vous aider à ne pas céder aux injonctions publicitaires, je vous recommande l’article Se détacher du consumérisme pour une vie plus verte.

Les impacts écologiques du numérique nous amènent également à remettre en question notre utilisation des nouvelles technologies et du web. Dans un contexte où le télétravail est encouragé et les vidéos en ligne largement consommées, il n’est pas facile de fonctionner différemment. Voici quelques recommandations pour utiliser les outils numériques avec davantage de sobriété.

Les contraintes liées au travail peuvent également anéantir tous les efforts faits à titre individuel. Par exemple, un directeur d’entreprise amené à prendre l’avion plusieurs fois par an se trouvera tiraillé entre son engagement écologique et ses contraintes professionnelles. Que faire alors ? Trouver des alternatives (parfois très contraignantes) à l’avion ? Changer de métier ? Certains l’ont fait, la tension devant trop importante entre leurs « convictions écologiques » et les impacts de leur métier ou de leurs conditions d’exercice…


Et vous, rencontrez-vous d’autres difficultés qui n’ont pas été évoquées ici ? N’hésitez pas à les partager dans les commentaires.

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