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Du repos pour la création, un principe écologique biblique

Certains textes de l’Ancien Testament, dans la Bible, décrivent le repos que Dieu ordonne aux israélites après leur semaine de travail. Ce repos prend aussi en compte le repos cyclique laissé à la nature, en particulier tous les 7 ans pour les champs cultivés. Voyons plus en détails en quoi consiste ce repos pour la création, quelles en sont les significations spirituelles, les implications écologiques, et comment le comprendre aujourd’hui.

En quoi consiste le repos pour la création ?

Dans le livre de l’Exode et celui du Lévitique, Dieu, par l’intermédiaire de Moïse, donne toute une série de prescriptions à son peuple. Dans ces prescriptions, on en trouve deux qui concernent le rythme du travail et la mise en jachère des terres après six années de culture. Voici ces prescriptions telles qu’écrites dans le livre de l’Exode (voir aussi dans Lévitique 25, versets 2 à 7) :

Pendant six années tu ensemenceras ta terre et tu en récolteras les produits  ; mais la septième année, tu la laisseras en jachère. Les pauvres de ton peuple mangeront ce qu’ils y trouveront et ce qu’ils laisseront nourrira les bêtes sauvages. Tu feras de même pour tes vignes et tes oliviers.

Pendant six jours, tu feras tout ton travail, mais le septième jour, tu l’interrompras pour que ton bœuf et ton âne jouissent du repos, et que le fils de ta servante et l’étranger puissent reprendre leur souffle.

Exode 23, versets 10 à 12. La Bible, version Semeur.

La première prescription de ce passage concerne le repos des terres après 6 années de culture : durant la 7e année, les champs ne devaient pas être ensemencés, les vignes ne devaient pas être taillées. Ce que la terre produisait d’elle-même durant cette année là était laissé à disposition des pauvres ou des animaux sauvages.

La deuxième prescription concerne le repos après 6 jours de travail : le 7e jour, tout le monde, y compris les étrangers de passage et les animaux, devait interrompre son travail. Ainsi, les humains et la création pouvaient souffler durant cette pause hebdomadaire. Cette prescription est en lien direct avec le quatrième des 10 commandements donnés par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï :

Pense à observer le jour du sabbat et fais-en un jour consacré à l’Éternel. Tu travailleras six jours pour faire tout ce que tu as à faire. Mais le septième jour est le jour du repos consacré à l’Éternel, ton Dieu ; tu ne feras aucun travail ce jour-là, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui réside chez toi ; car en six jours, l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer, et tout ce qui s’y trouve, mais le septième jour, il s’est reposé. C’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du sabbat et en a fait un jour qui lui est consacré.

Exode 20, versets 8 à 11. La Bible, version Semeur.

Signification spirituelle de ce repos

Le jour du « sabbat » ordonné par Dieu est un jour de repos consacré au Créateur du monde. Le récit de la Genèse expose la création du monde en 6 jours (ou 6 étapes, le mot « jour » n’étant pas à prendre à la lettre). Après cela, le 7e jour, Dieu s’est reposé de son travail. De la même manière, Dieu ordonne à son peuple de faire tout son travail durant 6 jours et de lui consacrer le 7e jour pour louer le Créateur et reconnaitre sa grandeur.

Cette pause hebdomadaire rappelle aux Israélites leur raison de vivre : ils ont été créés par Dieu. Ce n’est donc pas le travail qui doit être leur priorité première, même s’il a son importance puisqu’il occupe 6 jours sur 7. Ce temps de repos les garde de devenir esclaves du travail. Il leur permet aussi d’avoir un temps spécifique consacré à Dieu, qui doit rester leur priorité première.

Notons que tout être vivant se trouvant dans la maison ou sur les terres d’un israélite se trouve associé au repos sabbatique. Ainsi, les animaux domestiques jouissaient du repos hebdomadaire ordonné par Dieu et pouvaient le louer à leur manière. L’âne loue Dieu… en étant un âne. Le bœuf loue Dieu… en étant un bœuf !

Des animaux qui louent Dieu ?? En effet, il est écrit « Que tout ce qui vit loue donc l’Éternel ! » (Psaume 150.6). Les animaux célèbrent donc Dieu, à leur manière. Mais, à la différence des humains qui auraient tendance à oublier Dieu s’ils ne lui réservaient pas des temps spécifiques, les animaux n’ont pas besoin d’un jour précis pour Lui rendre gloire.

De plus, les israélites devaient laisser aux pauvres ou aux animaux ce que la terre produisait durant la 7e année. Cela peut être considéré comme un « impôt » à Dieu, le vrai propriétaire de la terre. Rappelons que Dieu a mandaté les humains pour prendre soin de la terre, mais que la création ne leur appartient pas, puisqu’elle appartient à Dieu. Aussi, le vrai propriétaire du sol donnait cette récolte aux personnes qui étaient dans le besoin, ou aux bêtes sauvages.

Cependant, cet « impôt » n’était pas un prélèvement obligatoire comme celui que nous connaissons mensuellement sur nos salaires. C’était plutôt l’occasion de vivre volontairement dans la consécration et dans la dépendance à Dieu. Pendant l’année sabbatique, les israélites devaient faire confiance à Dieu pour pourvoir à leurs besoins. Comme le dit mon pasteur Micaël, « C’était un acte de foi important et pas facile à accepter pour ces populations qui dépendaient entièrement de l’activité agricole.« 

Implications écologiques

Le repos de la création permis par la mise en jachère des terres tous les 7 ans est un principe écologique fondamental. Le repos des terres permet d’éviter l’épuisement des sols liées à une exploitation trop intensive.

Ce problème est bien connu de nos jours, puisque les sols subissent de multiples transformations dues aux pratiques agricoles : perte de biodiversité, diminution de la fertilité des sols, structure et porosité modifiées, sensibilité à l’érosion, etc. À abuser de l’agriculture intensive, la terre en paie le prix !

Attention ! Le terme « jachère » peut revêtir plusieurs significations. La terre en jachère correspond ici à la terre mise en repos (en laissant les plantes spontanées s’y mettre, comme dans l’exemple biblique) ou la terre recevant différents types de semences ayant pour but de favoriser la biodiversité ou de nourrir la terre.

Sans entrer dans un débat réservé aux spécialistes et aux professionnels de l’agriculture sur la mise en place de jachères ou pas, notons simplement le principe général : abuser des sols, c’est à dire y pratiquer une agriculture intensive sans relâche, c’est s’exposer à des conséquences écologiques graves, dont la perte de biodiversité.

Applications pour nous

Ces prescriptions bibliques ont été données aux israélites, à une époque où ce peuple devait être mis à part pour Dieu. Grâce à l’œuvre de Jésus à la croix, nous n’avons plus à suivre ces prescriptions à la lettre. Alors, comment comprendre ces textes bibliques de nos jours ?

Reconnaissons tout d’abord les principes généraux sur lesquels elles reposent et qui sont toujours d’actualité :

  • prendre le temps de se reposer hebdomadairement et de tourner les yeux vers notre créateur, c’est se souvenir que l’on dépend de Lui et que notre but dans la vie est de le glorifier.
  • respecter la Création, c’est se rappeler qu’elle ne nous appartient pas. Nous avons reçu le mandat de nous en occuper. Pour cela, mieux vaut suivre la sagesse biblique qui nous incite à tourner nos regards vers Dieu et qui nous appelle à la sobriété plutôt qu’au profit à tout prix.

En pratique, pour la plupart des gens qui ne sont pas agriculteurs (seulement 1,5% des français le sont !), la question de la jachère ne se pose pas. Mais si nous comprenons le repos de la 7e année de manière générale, alors nous reverrons nos choix de vie ou de consommation. Cela pourra être :

  • choisir des produits alimentaires issus d’une agriculture durable, sans intrants chimiques,
  • encourager le petit maraicher bio local en achetant nos légumes chez lui,
  • ne pas gaspiller ou laisser périmer de la nourriture,
  • cuisiner différemment les restes,
  • au restaurant, repartir avec son« doggy bag » plutôt que laisser de la nourriture dans l’assiette,
  • arrêter d’acheter des tee-shirts (ou autres vêtements) tous les quatre matins !
  • de manière générale, éviter la tentation de la surconsommation,
  • tourner nos yeux vers Dieu plutôt que de faire du travail ou des loisirs le but de notre vie.


2 thoughts on “Du repos pour la création, un principe écologique biblique

  1. Tout cela est bien vrai ! Le sens du sabbat est effectivement de nous garder de toute forme d’esclavage dans le travail (pour que ne le devenions pas, pour que nous n’ayons pas le droit non plus d’asservir les autres, animaux et terre compris).

    Pour aller dans ce sens, un texte qui passe souvent inaperçu : 2 Chroniques 36.v20-21 : « Nebucadnetsar emmena captifs à Babylone ceux qui échappèrent à l’épée; et ils lui furent assujettis, à lui et à ses fils, jusqu’à la domination du royaume de Perse, afin que s’accomplît la parole de l’Éternel prononcée par la bouche de Jérémie; jusqu’à ce que le pays eût joui de ses sabbats, il se reposa tout le temps qu’il fut dévasté, jusqu’à l’accomplissement de soixante-dix ans. »
    Parmi toutes les raisons qui ont conduit Dieu a chasser son peuple de son pays, figure la transgression des « sabbats de la terre ». Si le peuple avait un retard de 70 années de Sabbat, on peut s’amuser à calculer que pendant près de 490 années, cette règle n’a pas été appliquée (avant la Royauté en Israël ? !!) La pratique se serait perdue pendant le temps des Juges (estimation à la louche). Autant dire que les Hébreux ne s’en sont jamais souciés…

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