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Transport en commun - tramway - train

L’impact écologique des moyens de transport : entre contraintes et solutions…

Les transports constituent actuellement l’un des pôles de pollution les plus importants des ménages français, surtout si l’on regarde les émissions de carbone. Selon ce rapport sur l’état de l’environnement1, les transports se placent devant le logement et l’alimentation en termes d’émission de gaz à effet de serre. En cause : le véhicule personnel principalement, puis l’avion. Voyons donc l’impact écologique des moyens de transport, les contraintes associées et les solutions à privilégier.

Avion : à oublier dès que possible !

J’aime prendre l’avion. L’incroyable sensation au décollage, la vue au-dessus des nuages, les perspectives de voyage qui s’ouvrent devant soi… Cependant je n’ai plus pris l’avion depuis janvier 2014. En effet, l’énorme impact écologique du trafic aérien m’a motivée à ne plus employer à loisir ce moyen de transport et à explorer des lieux de vacances bien plus proches de chez moi.

Avec la démocratisation de l’utilisation de l’avion, c’est le bilan carbone qui augmente, en grosse partie pour des questions de loisirs. Sans vouloir stigmatiser les cadres supérieurs et les retraités, notons que « 59 % des cadres supérieurs et 40 % des retraités font au moins 1 voyage en avion au cours de l’année. L’avion pèse ainsi 38 % des émissions transport des cadres supérieurs et 31% de celui des 65 ans et plus » (source Ipsos). Si l’on est habitué à faire au moins 1 voyage en avion par an, renoncer à ce type de transport pour ses loisirs, c’est donc diminuer très facilement ses émissions de carbone ! C’est aussi l’occasion, pour les vacances, de découvrir des régions très proches de son lieu de vie…

N’allez pas croire que si vous avez de la famille en Amérique, je vous encourage à arrêter de lui rendre visite… Pour un tel voyage, mieux vaut repenser son séjour en augmentant sa durée afin de diminuer la fréquence des visites aux cousins d’Amérique.

Je parle ici de loisirs, mais la question pourrait être transposée au domaine du travail : les vols intérieurs ne pourraient-ils pas être remplacés par le train ? J’ai bien conscience qu’à une époque où prendre le train peut coûter plus cher que le même déplacement en avion, cette proposition est peu convaincante…

Gardons cependant en tête l’impact de l’avion en termes d’émissions de gaz à effet de serre, selon les calculs effectués par Jean-Marc Jancovici et Carbone 4 (l’article en lien date un peu, mais les calculs donnent un bon aperçu de la situation) :

  • « Chaque passager en court courrier émet presque autant de gaz à effet de serre que s’il était seul en petit camion ! » (50Kg équivalent CO2 pour 500Km de trajet) ;
  • « Chaque passager aérien long courrier émet autant de gaz à effet de serre que s’il était seul en grosse voiture sur la même distance. » (330Kg équivalent CO2 pour un vol long courrier de 6.495 km).

L’épineux problème de la voiture

Le véhicule personnel représente encore aujourd’hui la principale source d’émissions de gaz à effet de serre des français : 2,3t équivalent CO2 par personne, soit environ autant que l’empreinte carbone estimée pour le logement (2,4t par personne). Il y a de quoi se motiver à renoncer à la possession d’un véhicule personnel, surtout lorsque l’on habite en ville ! Certains ont d’ailleurs opté pour cette solution tout à fait économique puisque les frais de transports en commun combinés aux frais exceptionnels de location de voiture ou d’autopartage ne sont pas aussi importants que les frais liés au carburant et à l’entretien (incluant l’assurance) d’un véhicule thermique.

Cependant, s’il était facile de se passer de voiture, cela se saurait ! Notamment, les ruraux sont plus dépendants de leur véhicule personnel. Bien malgré eux, ils polluent donc davantage que les urbains (du moins sur le pôle transports).

Se passer de voiture, surtout lorsque l’on habite à la campagne ou dans une petite ville (moins de 20 000 habitants) au réseau de transport en commun peu développé nécessite de gros efforts impliquant une réorganisation de son mode de vie (travail à domicile par exemple). Parfois, il est tout simplement impossible de faire sans voiture.

Une question de taille

L’un des plus gros problèmes avec les voitures aujourd’hui, hormis leur caractère indispensable pour beaucoup de personnes, est le fait qu’elles sont de plus en plus lourdes. Une augmentation de leur poids implique une augmentation de la consommation d’énergie, que ce soit une voiture à moteur thermique ou électrique.

En 1995, une voiture pesait en moyenne 1032 Kg. En 2020, elle en pèse 1240 [source Ademe]. Pourquoi cette augmentation alors que la fonction de base (nous emmener d’un point A à un B) n’a pas changé ? Les moteurs ont été améliorés de manière à moins consommer de carburant, mais cette amélioration est annulée par l’augmentation du poids des véhicules. Dommage !

Et la voiture électrique ?

La voiture électrique n’est pas épargnée par la question du poids : si la voiture est plus lourde, il faudra de plus grosses batteries et donc plus d’électricité pour la recharger. Mais le problème n’est pas uniquement là. Certes, lorsque l’on roule en électrique, en n’émet de pas de gaz à effet de serre à l’instant T. Oui, elle ne pollue pas les lieux dans lesquels elle est utilisée. Cela ne fait pas pour autant de la voiture électrique une solution écologique.

Disons-le clairement : la voiture électrique n’est ni « propre », ni « verte », ni « décarbonée ». Ceux qui utilisent ces arguments pour vous vendre leur véhicule électrique font du greenwashing… Cependant, la voiture électrique pourrait être un solution intéressante sous certaines conditions :

  • que la filière d’extraction des matières premières (notamment pour la fabrication des batteries) soit moins polluante (en savoir plus sur les pollutions liées à cette extraction) et mieux régulée pour le respect des droits humains ;
  • la production d’électricité doit être décarbonée : en France on s’en sort plutôt bien (malgré les gros inconvénients du nucléaire) , mais ce n’est pas le cas dans les pays qui produisent leur électricité à partir de charbon ;
  • les batteries doivent avoir une longue durée de vie ;
  • la filière recyclage des batteries doit être améliorée pour éviter des tonnes de rebuts d’ici quelques années ;
  • si l’on en fait un usage intensif, car l’impact écologique de la fabrication du véhicule électrique s’amortit au fil des utilisations.

En conclusion : la voiture électrique pourrait être une solution dans les cas où les autres moyens de transports moins polluants ne sont pas utilisables. Et en respectant les cinq points ci-dessus. Cela signifie qu’il est totalement incohérent d’inciter les français à mettre leur véhicule actuel au rebut pour s’équiper d’un véhicule électrique. Par contre, des véhicules électriques utilisés comme transport en commun (taxi, autopartage) ou pour les ruraux qui ne peuvent pas se passer de voiture, pourquoi pas ? À condition que les conducteurs n’aient pas à jeter leur voiture déjà en fonction…

Et ma vieille voiture ?

Elle n’a pas la clim ni le bluetooth, elle n’a pas de moteur turbo ou de direction assistée, elle est plutôt inconfortable, mais je l’aime ma vieille Golf 2 ! Si sa carrosserie n’avait pas été grandement endommagée par un accident, je roulerais encore avec ! Mais une question se pose : vaut-il mieux continuer à rouler avec un vieux véhicule (immatriculé avant 2005) ou acheter un véhicule neuf ?

Pour répondre à cette question, j’ai fait une longue recherche sur le web, épluchant les informations données par ceux qui se sont posés la même question :

  • Lucien Willemin, l’auteur de « En voiture Simone !», compare dans son livre vieille voiture et hybride neuve. Selon lui, la décision d’acheter du neuf ne serait pas toujours pertinente. La réparation de sa vieille voiture serait préférable. [À défaut de lire le livre, on peut regarder l’argumentaire de Lucien Willemin sur ce TedTalk.]
  • Plusieurs articles, tels celui du site sortiedegrange.com, compilent les arguments en défaveur des voitures neuves.
  • Certains, comme cette journaliste de Reporterre, se sont vraiment cassés la tête pour trouver la voiture qui pollue le moins (explorant au passage le débat diesel ou essence, que nous n’aborderons pas ici). Pour conclure au final qu’il vaut mieux, lorsque cela est possible, ne pas avoir de voiture mais fonctionner en autopartage. La solution est idéale pour ceux qui habitent en ville en complément des transports en commun, mais elle est peu accessible à ceux qui habitent à la campagne, voire en banlieue.
  • Je n’ai pas trouvé d’argumentaire bien étayé en faveur de l’achat de véhicule neuf ; il y a les injonctions liées à la « prime à la casse », mais pas de réelle preuve que les véhicules neufs, à consommation équivalente, émettent moins de CO2 et sont moins polluants si l’on prend tout leur cycle de vie (si vous avez des études qui le prouvent, je suis preneuse !).
  • Si le vieux véhicule a de graves soucis de mécanique (énorme consommation d’huile par exemple), il vaut mieux le changer [voir la conclusion de cet article]… mais pas forcément contre un véhicule neuf !

En conclusion : j’avais l’intuition qu’à moins d’avoir un vieux véhicule vraiment défaillant, il valait mieux garder sa vieille voiture plutôt qu’en acheter une neuve. Ce que j’ai lu sur le sujet n’a fait que me conforter dans cette intuition !

Donc, si vous avez déjà une voiture, qu’elle fonctionne bien, et que vous ne pouvez pas vous en passer, gardez-la ! Si vous devez la changer et que vous avez toujours absolument besoin d’une voiture, regardez les offres d’occasion pour éviter d’opter pour du neuf. Après, pour le débat diesel / essence / électrique, c’est une autre affaire qui dépend de l’usage que vous faites de votre véhicule (longs ou courts trajets, ville principalement, etc).

Je n’ai pas évoqué ici la question de la moto, mais celle-ci a un impact carbone presque comparable à la voiture thermique pour les grosses motos, et un impact beaucoup plus léger pour les scooters et motos légères. Pour une personne seule et en l’absence de transports en commun, le scooter ou la moto légère pourrait être une option envisageable en remplacement de la voiture.

Les transports en commun

Qu’ils soient électriques, à hydrogène, ou même thermiques, ils sont toujours plus sobres, en termes d’émissions de gaz à effet de serre, que le véhicule personnel. Le tramway, le RER, le métro sont tout à fait adaptés aux transports en ville, si l’on accepte de mettre de côté le désagrément de l’entassement dans les wagons ou les éventuelles correspondances. Les transports en commun restent une solution économique et plus écologique que la voiture pour effectuer les trajets qui ne peuvent pas être faits en vélo ou à pied.

Les bus thermiques ont davantage d’impacts en termes d’émissions, surtout sur les petits trajets, mais ils restent préférables à la voiture thermique. Par exemple :

  • pour un trajet de 5Km, le bus thermique émet 515g équivalent CO2 par personne, contre 20g pour le RER et 965g pour la voiture thermique.
  • pour un trajet de 40Km, le bus thermique émet 1,4Kg équivalent CO2 par personne, contre 164g pour le RER et 7,7Kg pour la voiture thermique. [source : Ecolab]

Évidemment, il reste la problématique de l’accès aux transports en commun : très facile dans les grandes villes, plus limité dans les villes moyennes (plutôt bus thermiques qu’autre chose), et complexe dans les villages et campagnes. Dans ce dernier cas, à moins d’être féru de cyclisme, la voiture reste la solution privilégiée.

Le train pour les longues distances

Avec une émission de 1,4Kg équivalent CO2 pour un trajet de 800Km, contre 154Kg pour la voiture thermique et 184Kg pour l’avion, le train est largement gagnant ! (Attention, ces chiffres n’incluent que les émissions dues au trajet, pas celles liées à la construction du moyen de transport et des infrastructures)

Donc, dans la mesure où il n’y a pas d’océan à traverser, le train est une solution tout à fait intéressante pour voyager sans faire exploser ses émissions de gaz à effet de serre. Reste à régler le problème du prix (qui peut être rébarbatif pour une famille de 5 personnes…) et les difficultés logistiques (se rendre à la gare, faire les correspondances, etc). À côté de ces contraintes, il y a de nombreux avantages : moins fatigant que la voiture, plutôt confortable (plus spacieux que l’avion), assez ludique pour les enfants, on peut y lire, dessiner, avancer dans ses dossiers, rêver en regardant par la fenêtre, etc.

Marche et vélo, le duo gagnant

La marche est le moyen de transport idéal : gratuit, non polluant, et bon pour la santé. L’inconvénient est que les distances sont vite limitées, ainsi que le transport de courses. Le vélo est une excellente solution pour aller un peu plus loin, porter de petites courses dans un panier, et à un coût vite amorti. Là aussi, le vélo est un bon moyen de faire du sport au quotidien.

Certains optent pour le vélo électrique, très facilitant pour les moins endurants d’entre nous. La solution est intéressante, mais je la réserverais au « compte-gouttes » aux personnes qui habitent des villes ou villages très vallonnés, en remplacement de la voiture. En effet, qui dit électrique dit batterie, et qui dit batterie dit extraction de ressources (lithium, cobalt) ainsi que problèmes de gestion et de recyclage en fin de vie de la batterie : nous ne sommes plus dans l’absence de pollution… Les problèmes liés à la production des batteries (que ce soit pour les vélos, mais aussi les trottinettes, gyropodes et autres) sont tellement énorme qu’il y a de quoi préférer largement le vélo traditionnel ou la marche. N’oublions pas non plus la nécessité de recharger la batterie, et donc l’augmentation de consommation d’électricité (même légère) ainsi induite. Si l’on visait la sobriété énergétique, c’est loupé !


En résumé (mais alors, vraiment très résumé !!) : priorité au vélo et à la marche, puis aux transports en commun ; la voiture ne vient que si les solutions précédentes sont inapplicables…

Dans le prochain article sur l’impact écologique des moyens de transport, nous verrons comment faire le meilleur choix de transport en fonction de son contexte de vie.

1 Edito du 20/06/2023 : le rapport complet n’est plus accessible

4 thoughts on “L’impact écologique des moyens de transport : entre contraintes et solutions…

  1. Bonjour,

    Merci pour ces informations.
    Je tenais à vous signaler que le lien vers le « rapport de l’Etat sur l’environnement » n’est pas disponible.

    Bonne continuation.

  2. Salut à tous,
    Et pourquoi pas évoquer le scooter?
    Il consomme 2 litres au 100 et que ce soit fabrication, entretien, recyclage il est moins polluant que la voiture

    1. Effectivement, je n’y avais pas pensé lors de la rédaction de l’article. En plus, s’il s’agit de déplacer une seule personne à moindre effort sur des distances plutôt courtes, le scooter est bien plus cohérent que la voiture.

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