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S'habiller sans dévaliser la planète

S’habiller sans dévaliser la planète et notre prochain

L’industrie de la mode a de nombreux impacts négatifs sur l’environnement, et sur notre prochain. Comment faire, alors, pour s’habiller sans dévaliser la planète et notre prochain ? Voici une compilation des pistes possibles, à adapter à son contexte particulier.

  1. Réduire sa consommation de vêtements
  2. Acheter d’occasion
  3. Acheter neuf : que choisir ?
  4. Entretenir ses vêtements
  5. Réparer ou transformer ses vêtements
  6. Coudre ses vêtements

1. Réduire sa consommation de vêtements

Un jour, je suis tombée sur une vignette de bande dessinée qui montrait deux femmes attablées à la terrasse d’un café. L’une expliquait à son amie qu’elle s’était achetée une jupe écolo. L’autre lui répondit qu’elle aussi, était écolo : elle ne s’achetait pas de vêtements. Cette réponse pouvait sembler moqueuse, et pourtant : quoi de plus “écolo” que ne pas acheter de vêtements du tout ?

Lorsque j’ai commencé à être informée de l’envers du décor concernant les conditions de fabrication de nos vêtements, en particulier sur l’exploitation des employés, je suis devenue très difficile dans mes achats de vêtements. Je regardais les étiquettes, et en particulier la provenance. Lorsque cela venait de trop loin (Asie par exemple), je refusais d’acheter le vêtement. À procéder ainsi, je me suis retrouvée à ne plus acheter grand chose en boutique.

Puis, j’ai réalisé que ma garde-robe était tout de même suffisamment fournie pour que j’arrête de chercher de nouveaux vêtements. Quel soulagement ! Je n’avais plus besoin de m’embêter à trouver des vêtements qui me plaisent, m’aillent bien et répondent à des critères écologiques de plus en plus précis. Ma consommation d’habits neufs a été drastiquement réduite sans que cela ne constitue une quelconque contrainte dans mon mode de vie.

Réduire sa consommation de vêtements et résister à la fast fashion est un premier axe d’action efficace et facile à mettre en place. Seulement, nous avons parfois besoin d’autres vêtements, que ce soit pour répondre à un nouveau besoin ou pour remplacer des pièces usagées. Voici donc deux pistes envisageables : acheter d’occasion ou acheter neuf en recherchant certains critères.

2. S’habiller en achetant d’occasion

Les achats de vêtements d’occasion sont de plus en plus fréquents, pour des raisons de budget, de renouvellement rapide de garde-robe ou d’écologie. En effet, acheter d’occasion c’est :

  • économiser des ressources et de l’énergie qui auraient été nécessaires pour confectionner de nouveaux habits,
  • éviter l’utilisation d’un supplément de produits toxiques ou l’exploitation d’autres employés,
  • soulager son budget ! Les vêtements d’occasion sont bien moins chers, ce qui permet aux amoureux de la mode de renouveler rapidement leur stock.

Vous pouvez en trouver dans  les vide-greniers, les boutiques type Emmaüs, Le relais, les friperies, les lieux de dépôt-vente, ou encore sur l’un des nombreux sites internet dédiés à la vente d’occasion.

Attention, en abusant de l’utilisation de ces sites internet de revente en seconde main, on risque d’alimenter d’autres impacts écologiques ! Par exemple, impact des transports ou incitation à la consommation (si les gens savent qu’ils peuvent revendre facilement, ils n’hésitent pas à acheter davantage en neuf…).

Acheter d’occasion peut être difficile et chronophage. En effet, il y a quelques contraintes :

  • Trouver un modèle qui nous plaise dans un flot de modèles uniques, et qui soit à notre taille.
  • Vérifier que le vêtement est en bon état : même si un tri est fait par les centres de collecte, il peut rester sur les vêtements sélectionnés quelques défauts (trous, bouloches, teinte délavée).
  • Se rendre régulièrement sur le site, dans la boutique ou le dépôt-vente pour découvrir les nouveaux arrivages et trouver ce qui nous plait vraiment.
S'habiller en seconde main
Jupe et chemise achetées en seconde main

Je n’ai personnellement pas encore fait beaucoup d’achats d’occasion pour ma garde-robe, car cela demande un temps dont je ne dispose pas forcément. En revanche, j’ai pu procurer à mes enfants quelques vêtements en très bon état, à un prix défiant toute concurrence. En complément avec les dons qui nous ont été faits par des amis, les garde-robes de nos enfants ont un impact écologique bien amoindri.

Parfois, l’occasion ne suffit pas. Il faut alors se diriger vers l’achat de vêtements neufs, comme pour les sous-vêtements ou les pièces basiques peu disponibles sur le marché de l’occasion.

3. Acheter neuf : que choisir ?

Connaissant l’impact environnemental de la mode, vos achats neufs seront raisonnés… et en quantité raisonnable. Plusieurs points peuvent faire l’objet de votre attention :

Le choix des tissus

Choisissez vos tissus en fonction de leur impact écologique. Privilégiez les fibres naturelles comme le coton (biologique) et le lin ou le chanvre (leur culture est moins gourmande en eau et le chanvre pousse sans aucun pesticide). Les tissus en fibre recyclée peuvent également être une bonne option.

Note :

Un tee-shirt en polyester recyclé continuera à faire ce que fait tout vêtement en polyester : rejeter des microplastiques dans les eaux usées à chaque cycle de lavage. Pour limiter cela, on peut utiliser un sac de lavage pour filtrer les microplastiques. Les filtres à microplastiques des machines à laver pourraient aussi constituer une solution satisfaisante.

Les lieux et conditions de fabrication

Ensuite, vérifiez les lieux et les conditions de fabrication. De plus en plus de marques s’engagent pour garantir que leurs produits sont confectionnés par des travailleurs justement rémunérés et dans de bonnes conditions sanitaires. En général, elles mettent cet engagement en avant et l’on en retrouve les détails sur leur site internet. En l’absence de spécifications, et si le vêtement est fabriqué dans un pays qui ne se préoccupe que très peu des conditions de travail, méfiance !

Dans l’idéal, acheter ce qui est fabriqué en France (si on habite en France) a un double avantage : peu de transports donc moins de pollution à ce niveau là, et une garantie que les employés travaillent dans de bonnes conditions. Cependant, cet idéal a un coût. Par exemple, une marque comme Le Slip Français, qui produit tout en France (du fil à la boîte d’emballage), commercialise des paires de chaussettes qui coûtent cinq à dix fois plus cher qu’une paire standard… Pas pour tous les budgets, donc.

Les labels

En prenant en compte ces critères de lieux et de conditions de fabrication, on ne peut qu’être amené à acheter moins, mais mieux. Encore faut-il pouvoir repérer ce “mieux” au travers des discours parfois trompeurs des marques. Pour vous aider, vous pouvez vous repérer la présence de labels.

Les labels apposés sur certains produits textiles donnent des indices précieux sur la fabrication du tissu et du vêtement et sur son impact écologique voire social :

GOTS : textiles en coton biologique

Le label GOTS, international, garantit l’origine biologique des fibres, bannit les substances toxiques dans la fabrication ou l’impression du textile, et assure le respect basique de conditions de travail décentes lors de la transformation des textiles.

Oeko-Tex Standard 100

Le label Oeko-Tex Standard 100 garantit que le produit fini ne contient aucune substance toxique. Il existe également d’autres déclinaisons de ce label pour le coton biologique (Oeko-Tex Organic Cotton), les conditions écologiques et éthiques de production (Oeko-Tex Made in Geeen), etc.

Ecolabel européen

L’Écolabel européen garantit un mode de production écologique (produits ayant un impact réduit sur l’environnement). Il a également des exigences de qualité. Il s’assure que les travailleurs opèrent dans des conditions socialement acceptables mais ne garantit pas qu’ils bénéficient du salaire minimum acceptable.

certification Ecocert textile

La certification Ecocert textile garantit au minimum 70 % de fibres naturelles ou issues de matériaux renouvelables ou recyclés, mais aussi la réduction des consommations en eau et en énergie. Il interdit l’emploi de substances dangereuses.

Il existe une multitude d’autres labels liés aux textiles, mais les quatre ci-dessus sont suffisamment répandus pour que vous les ayez déjà rencontrés.

4. Entretenir ses vêtements

Pour que vos vêtements durent plus longtemps, la question du lavage est primordiale. En effet, chaque lavage libère des fibres, contribuant à l’usure du vêtement. De plus, ces fibres parfois synthétiques sont difficilement filtrées par les stations d’épuration et finissent par polluer les océans.

Premier conseil : lavez moins !

Dans notre société actuelle, nous avons pris l’habitude de changer de tenue chaque jour et, parfois, de mettre au sale les vêtements portés un seul jour. Dans la plupart des cas, cela n’est pas justifié. Si le vêtement n’a pas de tâche et s’il ne sent pas mauvais, il n’a pas besoin d’être lavé. Évidemment, certaines pièces comme les sous-vêtements ou les chaussettes seront mis au sale chaque soir. Pour le reste, c’est vraiment au cas par cas.

Deuxième conseil : lavez à 30°C maximum.

Cela permet de limiter les risques de rétrécissement du linge, de conserver davantage les couleurs et d’économiser l’énergie nécessaire pour chauffer l’eau. Réservez une température plus élevée au linge très sale ayant besoin d’être particulièrement désinfecté comme les mouchoirs, draps, serviettes de bains ou slips. Dans la mesure du possible, évitez également le sèche-linge qui est énergivore et abîme les fibres des tissus.

Troisième conseil : choisissez bien votre lessive et évitez les adoucissants.

Les parfums et tensioactifs non biodégradables contenus dans certaines lessives les rendent polluantes. De plus, les parfums et conservateurs contenus dans les lessives et adoucissants contiennent des substances allergisantes. Pour choisir vos détergents textiles, vous pouvez encore une fois vous laisser guider par les labels :

  • l’Écolabel européen : pour les lessives, il garantit  une teneur réduite en substances dangereuses, une incidence limitée sur les milieux aquatiques, une efficacité de nettoyage testée à 30°C.
  • Le label Ecocert : il garantit des procédés de production et de transformation respectueux de l’environnement, la gestion responsable des ressources naturelles, et il interdit l’utilisation de la plupart des ingrédients d’origine pétrochimique.

Malgré l’attention portée au lavage, le linge subit, à la longue, des effets d’usure qui peuvent dans certains cas être rattrapés avec du fil et une aiguille.

5. Réparer et transformer les vêtements

Avant de décréter qu’un textile est bon pour partir au recyclage, vérifiez s’il ne peut pas être réparé. Ourlet défait, trou ou déchirure, fermeture éclair coincée : ces petits accrocs peuvent facilement être rattrapés par vos bons soins ou par un ou une couturière. De nombreux tutoriels disponibles sur internet vous aideront à réparer vous-même vos vêtements à moindres frais.

Pour aller plus loin, vous pouvez même transformer vos vêtements actuels ou en coudre de nouveaux à partir d’anciens.

Ainsi, un jean peut devenir un bermuda ou un short, un tee-shirt à manches longues peut être transformé en jupe, et n’importe quel vêtement peut être customisé grâce à de la broderie, des patchs ou autres. Et si vous aimez la couture et que vous disposez d’une machine à coudre, vous pouvez passer à l’étape suivante…

6. Coudre ses propres vêtements

Si vous parvenez à dénicher un tissu qui vous plaît, de bonne qualité et si possible labellisé, vous pouvez confectionner de votre propre habit. Avec un bon patron, une machine à coudre, quelques tutoriels sur internet, et beaucoup de patience et de volonté, même une personne n’ayant jamais pris de cours de couture peut se créer quelques vêtements.

C’est ainsi que je me suis lancée dans la couture d’une robe fluide adaptée aux canicules. N’en trouvant aucune correspondant à mes critères stricts, j’ai choisi un tissu qui me plaisait. Puis j’ai suivi les consignes d’un patron pour coudre cette robe longue et légère qui manquait à ma garde-robe. Cela m’a pris deux jours entiers, dont une bonne partie pour comprendre le vocabulaire de la couture et les gestes techniques associés. Mais j’étais ensuite extrêmement satisfaite du résultat et reconnaissante d’avoir été capable de poursuivre ce projet jusqu’au bout malgré mon manque d’expérience…


Malgré les multiples contraintes et impacts environnementaux de l’industrie du vêtement sur la planète, nous voyons qu’il existe des solutions concrètes pour s’habiller sans dévaliser la planète et notre prochain. Ces solutions peuvent certes être chronophages (hormis celle de ne rien acheter). En cela, elles nous rappellent justement tous les enjeux qui se cachent derrière chaque tee-shirt, pantalon ou robe mis à la vente.

Cependant, il peut être très difficile de renoncer à certains types d’achats. Par exemple, les enfants ne ménagent pas les genoux des pantalons et la réparation a ses limites ! Dans certains foyers également, les enseignes de vêtements en prêt à porter peu chères permettent de joindre les deux bouts à la fin du mois… Souvenons-nous donc que ces quelques pistes sont là pour nous mettre en chemin, amorcer des changements. Surtout pas pour nous imposer un diktat impossible à assumer !

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